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Trouillas au pied du Canigou

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Trouillas au pied du Canigou
Le village de Trouillas est tristement célèbre par une grande bataille qui s'y est déroulée le 22 septembre 1793 : La bataille de Trouillas.

Cette bataille a eut lieu pendant les Guerres de la Révolution française, opposant les forces françaises commandées par le général Dagobert et les forces espagnoles du général Antonio Ricardos.

La bataille se déroula près du village de Trouillas dans les Pyrénées-Orientales, à 10 km de Perpignan.

Le plan de bataille espagnol


Le conseil de guerre espagnol était composé des officiers généraux qui allaient commander les divers corps d'armée. Après une longue discussion des plans et projets soumis à leur examen, il fut arrêté qu'il y aurait trois armées, dont l'une occuperait la frontière de la Navarre ; l'autre défendrait les gorges de l'Aragon ; la troisième, destinée à prendre l'offensive, partirait de la Catalogne pour entrer dans le Roussillon et delà menacer le Languedoc, appuyée et couverte par les montagnes des Corbières, dont la chaine se prolonge des Pyrénées à la mer. Ce dernier projet n'était pas sans difficulté : il y avait devant eux des fortifications naturelles et artificielles qui protégeaient la frontière. Mais des motifs militaires et politiques tranchèrent la question :
     1°) La position des Français dans le Roussillon leur donnait un grand avantage s'ils attaquaient les premiers, comme les espagnols pouvaient le craindre, car leurs arrières étaient bien assurés.
     2°) Le Roussillon, une fois occupé, il était plus facile de s'y maintenir sur le territoire français que du côté des Pyrénées occidentales : dans les pays découverts de la Terre de Labour, nulle place forte, nulle position militaire pour conserver des premiers avantages obtenus, nulle protection pour couvrir une retraite forcée.

A ces considérations de localités plus ou moins fondées, se joignaient d'autres raisons puissantes : il fallait donner un coup de main à l'expédition méditée contre les ports du Midi, expédition très importante, non seulement pour attirer et diviser les forces françaises, mais surtout pour tirer parti des agitations de Marseille, de Lyon, de Toulon des contrées environnantes, déjà soulevées contre la tyrannie de la République.

Une invasion du Côté de la Navarre ne trouverait pas les mêmes dispositions chez les habitants. En outre, un coup d'éclat sur le Roussillon, exécuté avec rapidité, pouvait échapper à la prévision du Gouvernement Français, parce que l'entreprise devait paraître téméraire de la part des Espagnols, ou du moins trop hardie pour le début d'une armée longtemps oisive et peu préparée aux grandes opérations de la guerre. Un large déploiement des forces espagnoles sur la lisière de la Navarre et du Guipuzcoa ne manquerait pas d'attirer l'attention des Français, tandis que l'armée cantonnée dans l'intérieur de la Catalogne ne laissait voir que des garnisons à peine suffisantes pour le service des postes avancés.

Tel fut le plan de la première campagne, et ce plan se réalisa : car on peut faire beaucoup avec des soldats espagnols et un général comme D. Antoine Ricardos.

Les espagnols entrent en Roussillon


Peu de temps après, avec moins de quatre mille hommes, il entra dans le Roussillon où se trouvaient éparpillés seize mille français. Quand les autres divisions de l'armée espagnole rejoignirent les troupes de l'avant-garde, Ricardos s'était déjà emparé, en la tournant, de la première ligne de défense des Pyrénées orientales ; il occupait Céret ; il faisait ouvrir un chemin militaire sur le col de Portell et transporter son artillerie dans la plaine. Ceux qui ne connaissent point à fond la topographie de cette frontière ne sauraient apprécier le mérite de ce hardi mouvement. Mais dans la suite de cette campagne, les chefs et les soldats de l'armée espagnole se distinguèrent par tant de belles actions, que l'une fait pour ainsi dire tort à l'autre, et qu'il n'est plus guère possible de les louer qu'en masse.

En moins de quinze jours, presque toute la Cerdagne fut occupée en avant de Puycerda. Un fort détachement placé à La Jonquière observait la place de Bellegarde. Les français, chassés de leur position à Arles, successivement culbuté, furent mis en pleine déroute au grand combat de Masdeu le 18 mai 1793. Les Français avaient la supériorité du nombre mais les troupes espagnoles enlevèrent les trois camps retranchés de Thuir qui défendaient les approches de Perpignan ; l'artillerie, les munitions de guerre et les ravitaillement en nourriture, tombèrent aux mains des espagnols malgré une marche de cinq lieues pour arriver sur le champ de bataille. Les combats durèrent pendant seize heures entières. N'ayant pas de chevaux pour trainer les canons abandonnés par les Français, des soldats espagnols s'y attelèrent gaîment et les conduisirent jusqu'au Boulou. Ricardos ordonna de s'y arrêter et de faire la soupe.

L'intrépidité des soldats espagnoles, dans cette première affaire générale, causa une telle frayeur à Perpignan, que les batteries de la place tirèrent sur la troupe française qui venait s'y réfugier. Plus de mille volontaires nationaux refusèrent de continuer à servir dans cette campagne et furent ignominieusement chassés de l'armée par le général Deflers. Les autorités civiles de Perpignan se retirèrent à Narbonne, emportant les archives publiques. Beaucoup d'habitants quittèrent la ville pour aller chercher un asile dans l'intérieur.

Le siège de Bellegarde


L'armée espagnole établit son camp de base au Boulou, dominant ainsi le cours du Tech. Le siège de Bellegarde fut commencé. Les habitants d'Argelès, d'Elne, de Corneilla, soumis et désarmés, ne purent porter le moindre secours aux places bloquées. Tous les efforts du général Deflers pour les ravitailler échouèrent complètement.

Le 3 juin, le fort des Bains capitula ; deux jours après, celui de Lagarde ; le Haut-Vallespir était conquis et la frontière couverte sur cette ligne ; le château de Bellegarde, à moitié démantelé, se rendit le 24 après une résistance opiniâtre ; Ricardos s'étendit alors sur Thuir, et malgré les renforts que les français recevait de l'intérieur, ils furent battu dans toutes les rencontres ; une partie de l'armée prit position à Trouillas.

Les français veulent une victoire pour le 14 juillet


Le mois de juillet s'approchait : les Français voulaient célébrer leur fête nationale du 14 par une bataille victorieuse et redoublaient leurs préparatifs pour assurer la victoire. Ricardos devina leur projet, choisit son terrain, et leur offrit lui-même le combat. Le général républicain n'osa l'accepter, perdant ainsi la grande journée que ses troupes, lasses de tant de revers, avaient choisie pour prendre une glorieuse revanche.

De nouveaux succès ouvrirent aux espagnols les plaines du Roussillon jusqu'au Tet. Deflers, voyant le danger s'approcher de la capitale, voulut diviser les forces espagnoles en les attirant du côté de la Cerdagne.

Sur ce point, la fortune des armes fut également favorable et contraire aux Français et aux Espagnols. Mais les avantages obtenus par français n'arrêtaient point les progrès des espagnols ; il ne restait plus à la France, dans la plaine du Roussillon, que les camps retranchés devant la ville de Perpignan et la position de Peyrestortes : celle-ci était nécessaire aux espagnols pour gagner Rivesaltes et appuyer leur gauche à Estagel.

La défaite de Cabestany


Bientôt les Français furent délogés d'Arles et de Cabestany, mais avec une grande perte de part et d'autre, surtout à Cabestany, où le général Frégeville fut fait prisonnier. Ces deux attaques coûtèrent cher aux espagnols ; les français s'y défendirent avec beaucoup de ténacité.

Au plus fort de l'engagement, un bataillon du régiment de Navarre et quelques compagnies de grenadiers provinciaux, bravant une pluie de mitraille, se précipitèrent baïonnette en avant sur les batteries françaises. La victoire se dessina pour les espagnols.

Le lendemain, les français reçurent des renforts de Salses et revinrent au combat. Les espagnols sont obligés d'abandonner la position qu'ils avaient conquis la veille ; leurs troupes se replièrent avec ordre sur Masdeu et Trouillas. Ce dernier jour, le brave général Courten, attaqué par des forces quatre fois plus nombreuses que les siennes, soutint le choc pendant dix-sept heures, parvint à se dégager d'une horrible mêlée, et ramena sa division à Trouillas. Jouye et Vidal Saint-Martin, généraux de la République Française, succombèrent dans ce terrible combat.

La bataille de Trouillas


Les Français voulurent encore tenter une bataille. Ricardos prit de nouvelles mesures pour déconcerter leur projet ; mais l'armée avait reçu dix bataillons d'anciennes troupes de ligne ; les ordres de la Convention étaient précis. Dagobert commandait en chef ; les représentants Cassagne et Fabre surveillaient sa conduite et soufflaient la guerre.

Les soldats espagnols étaient prêts. Ricardos s’est établi entre Nils, Ponteilla et l’ouest de Trouillas, en demi-cercle, sur les coteaux qui bordent la Cantérane. La disposition de son armée était la suivante : l'aile droite, commandée par Crespo, à Masdeu ; le centre, à Trouillas, où est installé le quartier général ; l'aile gauche, commandée par le duc d’Ossuna, à Thuir qui se trouve à 2km de Trouillas ; les postes avancés à Ponteillas. L'aile gauche est fortement protégée par une grande batterie située en arrière de Trouillas. L'armée de Crespo, quant à elle, comporte une ligne de retranchements et s’appuie au bois de Caseneuve. Au total, les Espagnols alignent environ 17000 hommes.

Dagobert avait promis de terminer la lutte par un coup décisif ; il voulait percer le centre de l'armée espagnole et lui couper ainsi toute retraite. Dagobert dispose de 22000 hommes. Il décide de faire porter son effort principal sur la gauche espagnole mais, pour éviter la grande batterie qui s’y trouve, il prescrit de tourner le flanc ennemi par Sainte-Colombe, Llupia et Terrats et de tomber sur Trouillas par l’ouest. L’aile gauche, dirigée par D’Aoust, fera diversion en tentant de s’emparer du bois de Caseneuve et des retranchements du Mas d’Eu ; mais sa mission principale consiste à contenir la droite et la réserve adverses. Le général en chef se charge personnellement, avec 6000 combattants, de la conduite des opérations contre Courten, au centre. Tel fut le mouvement de la bataille de Trouillas.

On lutta torps à corps, face à face ; journée digne d'être citée à côté des plus terribles et des plus mémorables. Le talent militaire de Ricardos fut reconnu, admiré par les français eux-mêmes. Le général Bicardoa jugeant avec habileté et promptitude que le point décisif était à sa gauche, il accumula d'abord ses masses, puis les dirigea contre Dagobert aussitôt qu'il fut débarrassé de son lieutenant.

Tant de braves militaires espagnols de tout grade, si promptement formés à l'école de ce grand capitaine, gagnèrent leurs éperons dans cette immortelle journée ; la victoire fut tout entière pour les espagnols ; 1e moindre soldat y eut sa part. Mais il est juste de nommer en première ligne les généraux Duc d'Osuna, Comte de la Union, Courten , Crespo, Baron de Kessel, et le brigadier Godoy, qui décida et compléta la déroute de la colonne de troupes de ligne commandée par Dagobert, et sur laquelle celui-ci avait fondé les plus hautes espérances.

Thuir regorgeait de cadavres ; le champ de bataille en était couvert à tel point que la cavalerie en fut embarrassée vers la fin de cette horrible boucherie. Les français combattirent avec une sorte de férocité. Dagobert épuisa toutes les ressources de l'art de la guerre et ne fit aucune faute, mais en vain ; les vieux régiments de Vermandois, de Champagne, de Médoc, de Boulonnais, et les bataillons de volontaires du Gers et du Gard, furent détruits en grande partie.

Dagobert fait monter sa perte à plus de six mille hommes tués ou blessés. La désertion sévit dans l'armée française, beaucoup de fuyards profitèrent de l'obscurité de la nuit pour gagner les montagnes. Le drapeau de l'Espagne flottait victorieux sur le territoire de la République Française.
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