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Photo précédente : Tour à Carcassonne

Fortifications de pierre

 
Fortifications de pierre

Les châteaux forts


Le Château fort en impose. Il domine, en vertu de sa position élevée et de ses vastes proportions. Par sa tournure lourde et ses fortifications de pierre, il fait bloc contre l'assaillant, protège ses occupants, les dérobe aux regards et aux jets de toute nature. De part sa masse entière il fait écran. Mais sur cet écran en apparence inerte, que de choses à voir et à apprendre... Symbole du pouvoir du maître des lieux et instrument de sa domination sur ses sujets, le château fort raconte la lente mutation de la féodalité. Fixateur de population, centre économique et administratif, il redessine la géographie des villes et des campagnes. Sa tour restera une pièce maîtresse sur l'échiquier de l'histoire médiévale.

L'art bâtisseur des Wisigoths


Toute la science des maîtres d'oeuvre, le savoir-faire des artisans, la sueur des hommes de peine se sont amalgamés pour ériger la forteresse. Les Wisigoths, entre tous les peuples barbares qui envahirent l'Occident, furent ceux qui s'approprièrent le plus promptement les restes des arts romains, au moins en ce qui regarde les constructions militaires. En effet, ces défenses de Carcassonne ne diffèrent pas beaucoup de celles appliquées à la fin de l'Empire Romain eu Italie et dans les Gaules. Les Wisigoths comprirent l'importance de la situation de Carcassonne, ils en firent le centre de leurs possessions dans la Narbonnaise.

L'art de la guerre


L'archéologie expérimentale, en confrontant les théories à la réalité pragmatique, peut aider les spécialistes à retrouver et à comprendre les gestes et les techniques de ces bâtisseurs exceptionnels. Mais le château fort a titillé bien d'autres matières grises.

La résidence fortifiée d'un seigneur et de son entourage est dotée d'ouvrages défensifs (murs d'enceinte, fortifications de pierre, pont-levis, tour maîtresse, etc) destinés à résister aux assauts de l'ennemi mais aussi a d'éventuels sièges car le château fort répond d'abord à un impératif défensif. Espace militaire et stratégique, il protège le seigneur, son propriétaire, ses biens, mais également dans nombre de cas, les habitants du bourg qui se réfugieront derrière son enceinte en cas de conflit. Le château fort est intimement lié au système seigneurial. Il marque et renforce à la fois l'autorité de son possesseur.

Le château fort un défi lancé aux gens de guerre qui vont s'acharner à contourner l'écueil castral, qui donne, en particulier, du fil à retordre aux ingénieurs. De leur cerveau, inspiré par l'exemple romain, sortiront les plus alambiquées des machines de guerre, des échassiers graciles ou des monstres trapus et fracassants qui crachent, expulsent et projettent leur charge contre d'impassibles murailles de pierre. Le château va être à l'origine d'une discipline dédiée à lui seul. La poliorcétique, ou l'art des sièges, se développe en réaction à sa formidable puissance défensive des châteaux forts et des forteresses de pierre. Elle ébranlera quelques-uns de ces colosses de pierre mais la Cité de Carcassonne traversa les siècles.

Carcassonne : une place stratégique


Le plateau sur lequel est assise la cité de Carcassonne commande la vallée de l'Aude, qui coule au pied de ce plateau, et par conséquent la route naturelle de Narbonne à Toulouse.

Ce plateau s'élève entre la montagne Noire et les versants des Pyrénées ; précisément au sommet de l'angle que forme la rivière l'Aude en quittant ces versants abrupts, pour se détourner vers l'est. Carcassonne se trouve ainsi à cheval sur la seule vallée qui conduit de la Méditerranée à l'Océan et à l'entrée des défilés qui pénètrent en Espagne.

L'assiette était donc parfaitement choisie et elle avait déjà été utilisée par les Romains qui, avant les Wisigoths, voulaient se ménager tous les passages de la Narbonnaise en Espagne. Mais les Romains trouvaient par Narbonne une route plus courte et plus facile pour entrer en Espagne et ils n'avaient fait de Carcassonne qu'une citadelle, qu'un castellum ; tandis que les Wisigoths, s'établissant dans le pays après de longs efforts, durent préférer un lieu défendu déjà par la nature, situé au centre de leurs possessions de ce côté-ci des Pyrénées, à une ville comme Narbonne, assise en pays plat, difficile à défendre et à garder, et qui n'était qu'un lieu de passage.

Les événements prouvèrent qu'ils ne s'étaient point trompés. En effet, Carcassonne fut leur dernier refuge lorsqu'à leur tour ils furent en guerre avec les Francs et les Bourguignons.

La fin des Wisigoths


En 508, Clovis monta un siège devant Carcassonne et fut obligé de lever son camp sans avoir pu s'emparer de la ville.

En 588, la cité ouvrit ses portes à Austrovalde, duc de Toulouse, pour le roi Gontran ; mais peu après, l'armée française ayant été défaite par Claude, duc de Lusitanie, Carcassonne rentra au pouvoir de Reccarède, roi des Wisigoths.

Ce fut en 713 que pris fin le royaume des Wisigoths. Les Maures d'Espagne (Musulmans Omeyyades) devinrent alors possesseurs de la Septimanie, région correspondant à notre Languedoc-Roussillon actuel. Les Sarrasins avaient fait de Narbonne leur capitale entre 719 et 759.

Puis en 759 ce furent les francs qui s'emparèrent de ces territoires qu'ils appelèrent la Gothie.

On ne peut se livrer qu'à de vagues conjectures sur ce qu'il advint de Carcassonne pendant quatre siècles, entre la domination des Wisigoths et le commencement du XIIe siècle. On ne trouve pas de traces appréciables de constructions dans la cité, pas plus que sur ses remparts. Mais, à dater de la fin du XIe siècle, des travaux importants furent entrepris sur plusieurs points. En 1096, le pape Urbain II vint à Carcassonne pour rétablir la paix entre Bernard Aton (Vicomte de Carcassonne, de Béziers et d’Agde) et les bourgeois qui s'étaient révoltés contre lui et il bénit l'église cathédrale (Saint-Nazaire), ainsi que les matériaux préparés pour l'achever. C'est à cette époque en effet que l'on peut faire remonter la construction de la nef de cette église.

La construction du château


Sous Bernard Aton, la bourgeoisie de Carcassonne s'était constituée en milice et il ne paraît pas que la concorde régnât entre ce seigneur et ses vassaux, car ceux-ci battus par les troupes d'Alphonse, comte de Toulouse, venu en aide à Bernard Aton, furent obligés de se soumettre et de se cautionner. Les biens des principaux révoltés furent confisqués au profit du petit nombre des vassaux restés fidèles, et Bernard Aton donna en fief à ces derniers les tours et les maisons de Carcassonne, à la condition, dit Dom Vaissette : « de faire le guet et de garder la ville, les uns pendant quatre mois, les autres pendant huit mois de l'année et d'y résider avec leurs familles et leurs vassaux durant tout ce temps-là ». Ces gentilshommes, qui se qualifiaient de châtelains de Carcassonne, promirent par serment au vicomte de garder fidèlement la ville.

Bernard Aton leur accorda divers privilèges et ils s'engagèrent à leur tour à lui faire hommage et à lui prêter serment de fidélité. C'est ce qui a donné l'origine, à ce qu'il paraît, aux mortes-payes de la cité de Carcassonne, qui sont des bourgeois, lesquels ont encore la garde et jouissent pour cela de diverses prérogatives. Ce fut probablement sous le vicomte Bernard Aton ou, au plus tard, sous Roger III, vers 1130, que le château fut élevé et les murailles de pierre des Wisigoths réparées. Les tours du château, par leur construction et les quelques sculptures qui décorent les chapiteaux des colonnettes de marbre servant de meneaux aux fenêtres géminées, appartiennent certainement à la première moitié du XIIe siècle. En parcourant l'enceinte intérieure de la cité, ainsi que le château, on peut facilement reconnaître les parties des bâtisses qui datent de cette époque ; leurs parements sont élevés en grès jaunâtre et par assises de 15 à 25 cm de hauteur, sur 20 à 30 cm de largeur, et grossièrement appareillés.
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